Google poursuit l’évolution de son interface embarquée avec la sortie de la version 14.4 d’Android Auto, actuellement en phase bêta. Cette mise à jour introduit des fonctionnalités orientées vers l’optimisation de l’expérience utilisateur : intégration de l’assistant intelligent Gemini, nouvelles applications compatibles, ajustements d’ergonomie. Ces évolutions s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à renforcer la présence de Google dans l’écosystème automobile, alors que la concurrence avec Apple CarPlay s’intensifie.
Android Auto 14.4 : fonctionnalités en développement
Contrôle de la climatisation via l’interface
L'une des fonctions en test concerne la gestion de la climatisation directement dans Android Auto. Cette fonctionnalité permettrait au système embarqué d’accéder aux paramètres du véhicule (via Android Automotive ou une API tierce) pour réguler température, ventilation ou chauffage, sans passer par l’interface constructeur. Cette innovation vise à réduire la distraction en centralisant les commandes essentielles dans une interface unifiée.
D’un point de vue technique, cette intégration nécessitera une compatibilité avec le Vehicle HAL (Hardware Abstraction Layer) sous Android Automotive, ou l’accès à des modules OEM spécifiques via des API propriétaires. Il est donc probable que cette fonctionnalité ne soit disponible que sur certains véhicules à architecture électronique ouverte.
Extension du catalogue d'applications disponibles via le Play Store sur Android Auto
Android Auto 14.4 étend également la compatibilité avec de nouvelles applications, notamment des jeux (utilisables uniquement à l’arrêt) et des outils multimédias. L’objectif est de rentabiliser les phases d’immobilisation, comme les recharges des véhicules électriques.
Cela s’accompagne d’une meilleure intégration des services Google (YouTube Music, Google Maps, Gmail, ou encore Spotify), avec une interface plus fluide et une hiérarchisation plus dynamique des contenus.
Gemini : l'assistant intelligent de votre tableau de bord
L’intégration de Gemini représente le changement le plus significatif. Cet assistant basé sur un modèle d’intelligence artificielle générative est destiné à remplacer Google Assistant sur les systèmes Android.
Contrairement à Google Assistant, Gemini repose sur un LLM (Large Language Model) qui permet :
- des requêtes complexes et contextuelles ("trouve l’adresse de la réunion prévue cet après-midi et lance l’itinéraire"),
- une traduction multilingue en temps réel (40 langues dès le lancement),
- une interopérabilité native avec l’ensemble de l’écosystème Google (Gmail, Maps, Calendar, Play Store).
Gemini transforme Android Auto en interface intelligente pilotable uniquement à la voix, ce qui peut réduire l’interaction tactile et améliorer la sécurité.
Cette évolution est particulièrement pertinente pour les systèmes Android Automotive, déjà embarqués nativement sur certains véhicules (Renault, Volvo, Polestar) et connectés en profondeur aux fonctions du véhicule.
Android Auto vs Apple CarPlay : un avantage structurel pour Google
Un écart technologique qui se creuse
Android Auto, notamment dans sa déclinaison Android Automotive, dispose aujourd’hui d’un avantage structurel face à Apple CarPlay. Contrairement à CarPlay, qui reste une extension du téléphone iOS sans système d’exploitation propre, Android Automotive est un OS embarqué complet, capable de piloter le système multimédia, la navigation, la climatisation, voire les fonctions de diagnostic.
Android Auto (projection depuis smartphone) est massivement déployé : 250 millions de véhicules compatibles selon Google, mais Android Automotive est celui qui ouvre des perspectives industrielles, car il remplace les systèmes d’exploitation propriétaires des constructeurs.
Apple : en retrait sur l'intégration profonde
De son côté, Apple a annoncé en 2022 une nouvelle génération de CarPlay censée intégrer davantage de fonctions du véhicule (compteurs, données moteur, climatisation). Mais à ce jour, aucun constructeur majeur n’a encore déployé cette version.
La principale limite d’Apple reste son absence d’OS natif embarqué. Cela contraint Apple à des partenariats de surface (affichage), alors que Google noue des accords de fond avec des marques comme Renault Group, Volvo ou Ford.
Vers un monopole technique ?
Les constructeurs cherchent aujourd’hui à réduire les coûts de développement logiciel embarqué. À long terme, l’adoption d’un OS générique comme Android Automotive réduit les investissements R&D des marques, en échange d’une dépendance partielle à Google. Cela place la firme de Mountain View dans une position quasi monopolistique sur la couche logicielle embarquée si Apple ne propose pas d'alternative viable à Android Automotive.
Pour les constructeurs, intégrer Android Auto ou Android Automotive devient une manière de répondre rapidement à la demande de connectivité sans investir massivement dans le développement logiciel. Le coût d’intégration est relativement faible, et la promesse d'une mise à jour continue séduit.
Pour les utilisateurs, Android Auto 14.4 marque une étape vers une interface plus intuitive, pilotable vocalement, et mieux intégrée aux usages numériques quotidiens. L’arrivée de Gemini pourrait aussi permettre à Google de collecter des données comportementales enrichies, au cœur même de l'habitacle.