Avec leur allure moderne, dynamique et robuste, les SUV continuent de séduire les Français. Mais les études sont sans appel : les SUV sont très polluants. Pour réduire les émissions de CO2, diverses mesures ont été mises en place par l’État. Elles visent à décourager l’achat de ce type de véhicule. Les restrictions de circulation se multiplient dans les villes et les taxes augmentent. Dans ce contexte, est-il toujours opportun d’investir dans un SUV ? Guichet Carte Grise fait le point.
SUV : un effet de mode ?
Quand les publicités s’y mettent…
Un SUV ou Sport Utility vehicle, est un croisement entre une berline et un 4x4. Autrement dit, il possède la carrosserie d’un tout-terrain, mais est destiné à un usage ordinaire quotidien. En une décennie, ce type de véhicule a réussi à s’imposer sur le marché automobile. Et pour cause, les constructeurs misent des sommes d’argent colossales pour en faire un nouvel absolu automobile.
Il n’y a qu’à regarder l’investissement publicitaire. En 2019, en France, ils ont consacré 1,8 milliard d’euros pour promouvoir les SUV (soit 42 % du budget total du marché automobile), contre 1,2 milliard d’euros pour la promotion des citadines. Les SUV saturent les espaces publicitaires, que ce soit dans la presse écrite ou à la télévision. SUV compact, SUV sportif, SUV de luxe… Ils sont partout !
… Et envoûtent les Français
Avec des publicités qui font la part belle au SUV, il n’est pas étonnant que les Français se laissent séduire par ce tout-terrain. Et cela s’en ressent sur les ventes ! Selon WWF, les ventes des SUV ont doublé par 7 en dix ans en France. Aujourd’hui, ils représentent près de la moitié des ventes de voitures neuves.
Les raisons ? Les SUV plaisent pour leur habitacle spacieux et leur plus grand volume de chargement, notamment à l’arrière et dans le coffre. Ils apparaissent comme un véhicule idéal pour les familles au style baroudeur.
Ils sont aussi reconnus pour leur hauteur de châssis qui renforce le sentiment de sécurité. Les conducteurs ont ainsi une meilleure visibilité. Ils sont vendus comme étant parfaits pour faire de longs trajets sans avoir mal au dos et sans se fatiguer.
Robustes, ils sont renommés pour leur confort de conduite, que ce soit en zone urbaine, sur autoroute, ou sur des routes de campagne. Leur polyvalence séduit les automobilistes.
Les SUV sont-ils un gouffre écologique et budgétaire ?
Bien que les publicités vantent les qualités des SUV, ils possèdent des défauts importants. Notamment au niveau environnemental, en laissant une empreinte carbone élevée, et au niveau budgétaire, car ils sont plus chers à l’achat et à l’entretien.
Les SUV font partie des véhicules les plus polluants du marché
Il faut savoir qu’un SUV pèse en moyenne 1,5 tonne. Si l’on compare à une voiture standard, c’est 200 kg de plus. Qui dit véhicule lourd, consommation de carburant et émission de CO2 plus conséquentes.
En effet, les SUV sont très polluants : ils rejettent +20 % de CO2 par rapport à une voiture classique. Ils constituent la seconde source de croissance des émissions de CO2 après le secteur aérien. Bien que les tout-terrain récents soient classés Crit’Air 1, leur empreinte environnementale reste trop élevée.
Au-delà de polluer lors de la circulation, leur production nécessite une quantité de métaux critiques plus importante, ce qui accroît l’impact écologique de ces véhicules. Les modèles électriques, que l’on pourrait penser moins polluants, ne sont pas une solution durable. En effet, même s’ils émettent peu de CO2 en roulant, les émissions liées à la fabrication sont plus conséquentes que des modèles plus légers.
De par leur fabrication et leur circulation, les SUV polluent tout au long de leur cycle de vie.
Un véhicule plus coûteux à l’utilisation
Les SUV pèsent également sur le budget des propriétaires. Rien que leur coût d’achat représente 40 % de plus que le coût d’un véhicule classique. Et ça ne s’arrête pas là, car ces grosses berlines ont une consommation de carburant plus importante. WWF estime que les frais de carburant sont 15 % plus élevés qu’une voiture standard.
De plus, l’entretien global du véhicule, des pneus et les frais d’assurance sont aussi des dépenses à prendre en compte. Ils représentent des charges non-négligeables pour le porte-monnaie des automobilistes.
L’avenir des SUV face aux politiques environnementales
Face aux mesures écologiques prises par le gouvernement pour réduire la pollution, l’avenir des SUV est incertain.
Plusieurs malus pour réduire l’achat de SUV
Des décisions drastiques ont été prises pour restreindre la circulation de ces gros engins. Parmi celles-ci, il y a :
- Le malus écologique : il s’agit d’une taxe à régler lors de la première immatriculation de certains véhicules jugés comme polluants. L’objectif de ce malus est de favoriser l’achat de véhicules plus propres pour limiter les émissions de CO2. Il s’applique selon un barème qui prend en compte les caractéristiques du véhicule, ses émissions en dioxyde de carbone et sa puissance administrative. D’ailleurs, un nouveau barème a été adopté en 2024. Pour faire simple, au-dessus de 118 g/km d’émissions de CO2, vous devez régler une somme pouvant aller de 50 € à 60 000 €.
Bon à savoir : Il est possible d’immatriculer votre véhicule sur Guichet Carte Grise.
- Le malus au poids : il concerne les voitures neuves et consiste à appliquer un malus selon le poids total du véhicule. Plus le poids est élevé, plus le montant du malus est important. Les objectifs fixés sont de : réduire les émissions de CO2 (plus un véhicule est lourd, plus il a tendance à consommer du carburant) ; protéger l’environnement en favorisant une mobilité plus durable et respectueuse ; inciter les constructeurs automobiles à innover dans la conception de véhicules plus légers et moins énergivores. En 2024, un nouveau seuil a été voté, il passe désormais à 1 600 kg au lieu de 1 800 kg auparavant.
Des restrictions de stationnement dans certaines villes
Avec la volonté de réduire l’empreinte environnementale des SUV, certaines villes ont adopté des politiques pionnières :
- Grenoble a mis en place une tarification de stationnement basée sur le poids des voitures. Une majoration de 10 % est appliquée pour les véhicules essence et diesel de plus de 1 550 kg et les électriques ou hybrides de plus de 1 800 kg.
- À Lyon, les SUV sont soumis à un système de tarification progressive selon le poids et leur motorisation.
- À Paris, les Parisiens ont voté en début d’année pour l’instauration d’une taxe pour le stationnement des SUV qui pourrait entraîner un triplement du prix du stationnement si le projet est accepté.
Il va devenir de plus en plus difficile de circuler à bord d’un SUV en zone urbaine.
Est-il intelligent d’investir dans un SUV en 2024 ?
L’investissement dans un SUV dépend avant tout de votre utilisation et de votre budget. Il faut être conscient qu’un véhicule de cette envergure pèse sur le climat. Mais aussi, qu’un SUV représente un coût important à l’acquisition, qu’il soit neuf ou d’occasion, et au quotidien.
De plus, au vu des restrictions prises dans les agglomérations, un SUV n’est pas forcément la bonne option pour les citadins. Les propriétaires vont devoir faire face à des mesures de plus en plus contraignantes ces prochaines années.
Par ailleurs, la vente des SUV s’avère incompatible avec les objectifs climatiques de la France pour 2030. Et pourtant, les constructeurs font l’effort d’innover pour limiter les émissions polluantes de ces véhicules lourds.
Pour conclure, l’engouement des SUV est toujours d’actualité cette année. Ce type de véhicule fait partie des voitures les plus attendues sur le marché automobile. Et pourtant, ils ont un fort impact environnemental, quelle que soit leur motorisation. Face à l’urgence climatique, les mesures prises par les villes évincent peu à peu ces tout-terrain de la circulation urbaine. Et les différents malus représentent un coût important lors de l’acquisition.