Souvent décriées, les voitures électriques émettent pourtant bien moins de gaz à effet de serre que leurs homologues thermiques. Un bilan carbone positif qui vient une nouvelle fois d’être constaté par une étude indépendante, et ce, sur l’ensemble du cycle de vie : de l’extraction des métaux au recyclage du véhicule, en passant par la production d’électricité.
Pollution : les voitures électriques (injustement) attaquées
Bien que le marché des voitures électriques soit en plein boom, ces véhicules ont fait l'objet de nombreuses attaques concernant leur bilan environnemental, notamment de la part du lobby du pétrole. Un point est d'ailleurs souvent mis en avant : l'électrique serait aussi polluant que le thermique du puits à la roue, à savoir sur l'ensemble du cycle de vie du véhicule (production énergétique, fabrication, usage et destruction). Pour argumenter leur propos, les détracteurs des voitures « propres » s’appuient sur plusieurs éléments bien souvent biaisés ou incomplets.
- L’extraction polluante des métaux : l'extraction de certains matériaux nécessaires à la fabrication des batteries lithium-ion demande généralement d'importantes ressources, notamment en matière d'électricité et d'eau. Ce point est souvent soulevé par les détracteurs des voitures électriques pour démontrer leur caractère polluant, en oubliant que l’extraction du pétrole est loin d’être vertueuse elle non plus.
- Le travail des enfants : une idée reçue veut que l'extraction du cobalt, employée pour moitié pour la fabrication des batteries lithium-ion (1), impliquerait le travail de nombreux enfants. Or, ce phénomène s'avère en réalité minoritaire. À titre d'exemple, il ne concernerait « que » 10 % des exploitations du Congo, l'un des principaux fournisseurs mondiaux (2).
- Une électricité peu vertueuse : les lobbyistes avancent également régulièrement que la production d'électricité est particulièrement polluante, notamment car cette énergie est principalement produite grâce au charbon. Mais en plus d’oublier que les véhicules thermiques rejettent de nombreux gaz polluants (CO2, NOx, particules fines, etc.), ils ne précisent pas que le mix énergétique des pays tend à se tourner vers les énergies renouvelables.
- Une pollution à l’usage : les pourfendeurs de l’électrique indiquent également que ce véhicule pollue à l'usage, notamment en raison de l'abrasion des pneus et des plaquettes de frein, mais aussi de l'érosion des revêtements routiers. Or, ce défaut est partagé par les modèles essence ou diesel. Mais à la différence de ces derniers, les véhicules électriques disposent bien souvent d’un système de frein régénératif, permettant justement de limiter cette abrasion entraînant le rejet de diverses particules.
- Un recyclage impossible : bien que le recyclage des batteries lithium-ion ne soit pas encore totalement maîtrisé, pouvant entraîner l'enfouissement de certains matériaux, la réglementation européenne impose de recycler au moins la moitié du poids moyen des batteries (3). De plus, les principaux acteurs de la filière revendiquent un niveau de recyclage supérieur à 70 % et qui tend à s'améliorer d'année en année (4).
Des voitures électriques 3 fois moins polluantes
Malgré cette désinformation chronique, la réalité est tout autre : en moyenne, les voitures électriques polluent déjà 3 fois moins que leurs homologues thermiques, et ce, du puits à la roue. Selon une étude de l'ONG Transport & Environment, les électriques émettraient d’ailleurs 80 % de CO2 en moins en France. Toutefois, ce résultat dépend largement du mix énergétique des pays. En Allemagne où le charbon occupe encore une place importante dans la fabrication d'électricité, l'amélioration est de seulement 45 %. A contrario, elle est de 85 % en Suède, pays qui a déjà investi les énergies renouvelables (éolien, hydraulique, etc.) depuis de nombreuses années. Toujours selon cette étude, une électricité produite uniquement grâce aux éoliennes permettrait même de diviser par 7 les émissions de CO2 des véhicules électriques par rapport au diesel (5).
Selon une autre étude, cette fois menée par l’Université de Cambridge, l'usage d'une voiture électrique serait meilleur pour le climat dans 95 % des cas, les 5 derniers pourcents étant principalement dus à des pays au mix énergétique polluant (6). Alors que 9 Français sur 10 veulent rouler plus propre, l’électrique semble donc bien être la solution idoine. Une conclusion qui vient d'ailleurs d'être une nouvelle fois confirmée par l'ICCT (International Council on Clean Transportation). Selon une enquête publiée cet été par l'ONG, les émissions de gaz à effet de serre d'une voiture électrique compacte sont inférieures de près de 70 % à celles d'un modèle essence équivalent sur l’ensemble de son cycle de vie (pour un kilométrage de 234 000 kilomètres sur 18 ans). En France, cette réduction serait même de 80 % en raison d'un mix énergétique misant principalement sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Une amélioration du bilan énergétique qui est d'ailleurs constatée même au sein des pays où la production d'électricité est très carbonée, à l'image de la Chine et de l'Inde par exemple (7).
Voiture électrique : un bilan carbone qui ne cesse de s’améliorer
À mesure que les constructeurs entreprennent le virage de l'électrique, à l'image de Renault qui ambitionne de produire 90 % de véhicules électrifiés en 2030, un cercle vertueux s’instaure : la technologie se perfectionne, les modes de production s’améliorent, les automobilistes se convertissent et les émissions diminuent. D’ailleurs, plusieurs facteurs vont contribuer à optimiser encore davantage le bilan carbone des voitures électriques à moyen terme.
- Une réglementation plus contraignante : interdiction de circulation pour les véhicules polluants, notamment au sein des ZFE-m instaurées par la loi Climat-Résilience, fin de la production des véhicules thermiques en 2035, durcissement du malus écologique... autant de règles qui obligent les constructeurs et les automobilistes à se tourner vers l’électrique.
- L’amélioration de la production : l'essor du secteur permet d'optimiser les pratiques, notamment en matière de production des véhicules et d'extraction des métaux. Le tout concourant à l'amélioration progressive du bilan carbone des voitures électriques. C'est le cas par exemple de Tesla qui a développé sa propre technique d'extraction du lithium, plus respectueuse de l'environnement.
- L’augmentation de la durée de vie : le perfectionnement de la filière permet de considérablement augmenter la durée de vie des batteries et, par conséquent, des véhicules électriques. Or, plus une voiture électrique est utilisée pendant longtemps, plus son bilan carbone est positif par rapport aux modèles thermiques.
- L’essor des énergies renouvelables : alors que les énergies renouvelables représentent actuellement 19,1 % de la consommation finale brute d'énergie en France (8), le gouvernement souhaite atteindre la barre des 32 % dès 2030 (9). De quoi améliorer le mix énergétique du pays et, par conséquent, le bilan carbone des véhicules électriques.
Sources : (1) Benchmark launches cobalt industry's first ever battery metal price - Benchmark Minerals - 2018 (2) On a regardé « À contresens », le documentaire sur les idées reçues autour de la voiture électrique - Clubic – 2020 (3) Directive Européenne 2006/66/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 septembre 2006 - Journal officiel de l'Union européenne – 2006 (4) Véhicules électriques : 700 000 tonnes de batteries à recycler en 2035 - Le Parisien – 2019 (5) Cycle de vie : en France, la voiture électrique émet 80 % de CO2 en moins que le thermique - Automobile Propre – 2017 (6) Electric cars better for climate in 95% of the world - University of Cambridge - 2020 (7) ACV : l’ICCT confirme les bénéfices de la voiture électrique sur les gaz à effet de serre - Ademe – 2021 (8) Chiffres clés des énergies renouvelables - Édition 2021 - Ministère de la Transition Écologique – 2021 (9) La transition énergétique pour la croissance verte - Gouvernement – 2021